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LE KRAKEN
LES SUBS, Lyon, France 2022
Installation monumentale in situ par UV LAB
Production:Les Subs
Rendu possible grâce au fonds of Mondes Nouveaux, un programme de soutien à la conception et à la réalisation de projets artistiques initié par l'Etat français dans le cadre du volet Culture de France Relance.
Avec le soutien de l'atelier des artistes en exilet
École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon
LE KRAKEN EN QUELQUES CHIFFRES :
25mlarge
15mhaut
180m detentacules
1000m²de bois préfabriqué
6 semainesde chantier
30 professionnels & étudiants mobilisés
Équipe de production:
LABO UV équipe: Khaled Alwarea, MIke Shnsho et Layla Abdul-Karim.
Animations et rendus 3D: Sameh Saad CG
Les SOUS équipe: Hugo Hazard, Nicolas Goblet, Alexis Pawlak.
Ingénieur:Nicolas Picot
Constructions professionnelles : Didier Hirth, Grégory Blain, Zoe Escude, Jean-Marc Fanti, Christian Allamanno, Abdel Sidk, Claire Jouet, Daniel Ibanez, Juliette Dubernet, Frank, Theri
Forgeron: Vincent Loubert
Bénévole ENSBA : Lisa Guiga Masini, Valentine Gensane, Constance Cittone, Alexia Kalinsky, Sarah Vithaya, Valentine Jouault, Philippine Brulé, Alix Chartier, Manon Siegler, Maimouna N'gaide, Xiaoming Ren.
Bénévole Année lumière: Marie Canard.
"Refuge spirituel" est l'expression qui pourrait décrire un Nemus, un lieu où les druides celtes se réunissaient et exploitaient le pouvoir magique des arbres pour guérir les personnes malades. Ils servaient de guérisseurs, de guides spirituels et de médecins.
La ville de Strasbourg était autrefois un Nemus, un lieu où l'âme et le corps pouvaient être soignés et nourris. Lorsque la ville s'appelait Argentorium (la forteresse de l'eau) à l'époque romaine, la tradition des guérisseurs s'est poursuivie, notamment avec la propagation de la malaria qui touchait les Romains. À cette époque, la guérison et la prévention des maladies impliquaient d'importants efforts d'urbanisme, les Romains devant déplacer des tonnes de terre, surélevant le sol de leur camp de plusieurs mètres.
De nombreuses guerres et batailles ont eu lieu à Strasbourg, mais la "forteresse de l'eau" est restée inébranlable. Le processus de guérison a pris différentes formes, notamment avec la création de Notre-Dame de Strasbourg en 1176 et de l'École impériale du Service de santé militaire en 1856. Une histoire de guérison et de guérisseurs traverse Strasbourg, notamment sur la place du Château, où se déroule notre projet.
Tout au long de l'histoire de la ville, l'acte de guérison peut être résumé par trois axes : l'histoire naturelle des arbres (Celtes), la manipulation de la terre par la construction (Romains) et l'influence de l'église (Chrétienté). Entrelacés ensemble, ils nous laissent avec une question : Que signifie guérir ?
Un druide utiliserait des plantes et des arbres pour créer des potions, tandis qu'un médecin utiliserait des mesures scientifiques plutôt que l'intuition. Même un prêtre, dans une adaptation farfelue de la théorie de John Marco Allegro, où Jésus-Christ était un guérisseur de plantes et ses disciples étaient représentés par différentes plantes ou arbres. Guérison, arbres et refuge spirituel rappellent la polémique née en 2013 de l'enlèvement des arbres de la place, facteur crucial de guérison sur lequel les habitants semblaient insister. C'est à ce moment précis que le besoin d'arbres et de guérison donne naissance à notre projet : "Nemus : On Healing and Re-Enchanting".
À l’instar des druides celtes, des Romains qui cherchaient à éviter le paludisme et des guérisseurs chrétiens du corps et de l’esprit, nous souhaitons invoquer les pouvoirs curatifs des arbres profondément enracinés dans l’histoire de Strasbourg pour créer une sphère de guérison. Le projet incarne un groupe d'arbres, chacun fusionnant différents types d'arbres « spirituels » remontant à l'Antiquité. Utilisant du bois et du plastique de couleur transparente (plexiglas dichroïque), la structure représente une tentative d'invoquer les esprits des guérisseurs, créant une sphère, un espace ouvert dans lequel on peut se promener, contempler et ressentir le pouvoir de guérison de la zone. Entouré de l'église, temple de l'âme, de l'ancien hôpital, temple du corps, et du musée comme temple de l'esprit.
Fusionner des arbres
Il n’est pas nécessaire d’expliquer comment les arbres et les plantes poussent lorsqu’ils sont fusionnés ou greffés. Ce processus naturel de « rapprochement » pour créer la vie est fascinant. En adoptant cette technique scientifique et en la combinant avec les aspects spirituels et curatifs des arbres et leur riche histoire, nous arrivons au concept de grappes, les entrailles de la guérison.
Explorer l’histoire spirituelle de chaque arbre dans différentes cultures et contextes historiques est une entreprise sans fin. Pourtant, à l’instar des druides, des guérisseurs et des médecins, nous visons à fusionner une collection d’arbres sacrés, créant ainsi des quasi-temples représentant diverses approches de greffe d’arbres. Il s’agit d’un acte sacré de plantation et de murmure d’arbres, destiné à transmettre la vie à tous ceux qui se connectent physiquement et émotionnellement à un arbre.
Le bois que nous utilisons résonne avec la nature alors que nous nous efforçons de recréer la structure, le groupe d'arbres sacrés, fusionnés pour former un parapluie géant de « dichroïque en plexiglas ». Ce matériau possède des surfaces réfléchissantes, transparentes et colorées qui nous permettent de manipuler la lumière, créant ainsi un environnement qui apporte « vie » et « guérison » aux plantes et à tout ce qui se trouve dans le Nemus. De plus, il offre une nouvelle perspective sur les monuments et bâtiments historiques environnants, offrant une « vision » différente créée par les couleurs et les reflets. Car ceux qui se trouvent à l'intérieur ont la chance de « redécouvrir » le lieu et ses environs.
En entrant dans la structure, on sera exposé au pouvoir de guérison, devenant une partie de Zoé, le terme grec désignant la vie, la force qui traverse tout ce qui est « vivant ».
Mais si planter des arbres est un acte « d’enracinement », et les déplacer est un acte de « déracinement », que représente notre installation ? Nous osons dire qu'il s'agit d'un geste d'invocation, où les arbres sont profondément enracinés dans l'histoire et l'imaginaire de ceux qui recherchent un « refuge spirituel ». L’énergie du lieu lui-même agit comme une force de connexion, entrelaçant la vie, l’histoire et l’imagination – une tentative de « ré-enchanter » un monde menacé par le désenchantement, la peur de l’IA et les crises écologiques.
Le Nemus est une invitation à « croire » en l’art ancien de guérir, où un arbre est un sanctuaire, une œuvre d’art. Grâce à l’imagination et à la technologie, cela représente un pas vers un meilleur soi.
« Fusion » à l'aide d'une architecture intelligente
Nos clusters sont fusionnés à l'aide d'une architecture numérique, de nouvelles technologies et de stratégies de fabrication. En utilisant des outils de conception assistée par ordinateur et de fabrication numérique, nous nous concentrons sur la réduction de notre empreinte carbone. Ainsi, nous avons conçu le Nemus comme un puzzle à grande échelle. Chaque élément peut être facilement assemblé et démonté, permettant la portabilité et la réutilisation des matériaux. Cette approche innovante nous a permis de repousser les limites de la création de structures à la fois visuellement frappantes et fonctionnellement innovantes.
Nos outils numériques ont joué un rôle crucial dans la conception et la fabrication des différentes parties de notre installation, notamment les nœuds métalliques uniques qui relient les pièces de bois. Ces nœuds donnent à la structure sa forme distincte et facilitent le montage et le démontage. De plus, nous avons soigneusement sélectionné des matériaux de revêtement qui rehaussent le concept du projet. La partie supérieure des arbres est ornée de Plexi dichroïque, un matériau spécial qui courbe la lumière, change de couleur et reflète son environnement. Cela donne aux structures une touche magique et transforme l'espace public, offrant une nouvelle perspective. Le tronc des structures est recouvert d'écailles de bois, introduisant une nouvelle approche qui organise la complexité et intègre un mouvement en spirale qui s'harmonise avec les lois de la nature, telles que la croissance et la répartition de la lumière.
À travers cette approche, nous visons à redéfinir la manière dont nous concevons et construisons des espaces éphémères. Nous croyons fermement que l’architecture doit être esthétique, fonctionnelle et respectueuse de l’environnement. Ce projet illustre notre engagement envers ces principes fondamentaux et notre détermination à repousser les limites de la création architecturale.
